«
C’est
une maladie qui fait 30 morts en France par jour. Qui touche au moins 3
% de la population. Soit plus d’ 1,5 million de personnes en France ou
100 à 150 millions dans le monde. C’est presque autant que de diabétiques.
Sans compter les proches », assène Alain T0RT0SA.
«
10
% des malades se suicident, c’est mille fois plus que dans le reste de
la population. Pourtant, l’opinion publique n’en connaît rien
», poursuit avec force le président de l’association ... AAPEL
(Association d’aide aux personnes souffrant d’un trouble de la personnalité
« Etat limite »). « Elle n’est même pas enseignée
dans les facultés de médecine française alors qu’elle
est connue de toutes les autorités mondiales dont l’OMS (Organisation
mondiale de la santé). »
Depuis
qu’il a mis un nom sur la maladie dont souffrirait une amie (*), Alain
T0RT0SA veut comprendre pourquoi il lui aura fallu dix ans pour «
en
arriver là », à ce diagnostic : « borderline
» (mot d’origine anglaise, signifiant « à la limite
»). « Cette maladie est très connue aux Etats-Unis
mais en France, c’est une zone d’ombre. Les maladies mentales sont tabou.
On associe trop souvent ces troubles à la folie.
»
Etre borderline n'implique pourtant aucune déficience mentale, c’est
une difficulté à gérer ses émotions.
Symptômes.-
Faute
de diagnostic, le malade qui s’ignore a fini par se dire qu’il n’était
tout simplement pas comme tout le monde, que « c’est dans sa nature
». Dans sa nature d’avoir des crises de rage, des changements d’humeur
soudains, rapides et fréquents, d’être anxieux, des relations
de type "amour/haine", d’avoir le sentiment d’être une victime...
En tout, treize comportements ont été recensés. Si
une personne souffre de cinq de ces maux, il peut bien être borderline.
« Ces comportements doivent être durables et récurrents.
Etre vraiment vécus au quotidien », ajoute le président
de l’AAPEL. Ce n’est pas parce que vous vous inquiétez pour un rien
que vous êtes borderline.
Ni
vu, ni connu.- D’ailleurs si les causes de ce comportement n’ont jamais
été recherchées, c’est parce que cette maladie est
méconnue mais surtout parce que le malade donne le change. «
C’est
sans doute leur plus grande malchance, explique Alain T0RT0SA.
Sauf
à vivre avec eux, on ne s’aperçoit pas de ces changements
de comportement. Souvent, elles passent pour des personnes pleines de vie,
heureuse alors qu’elles peuvent décider soudainement de se suicider.
Beaucoup ont des comportements auto-destructeurs. Se droguent, se mutilent,
sont alcooliques... mais le cachent bien.
»
Trois
facteurs risques.- Les études menées ont prouvé
que ce trouble mental avait trois origines : génétique, biologique
et environnementale. « Il y a un facteur de prédisposition,
avance Alain T0RT0SA, mais il faut y associer le biologique et un événement
déclenchant pour développer la maladie. » L’élément
biologique serait un taux trop bas de sérotonine, à l’origine
notamment d’un besoin de se faire mal. Pour le déclencheur, il faut
chercher souvent dans l’éducation, un entourage plus ou moins présent.
Un facteur plus difficile à déterminer.
Facile
à soigner.- Mais le comble pour A. T0RT0SA, est la facilité
à soigner cette maladie : « un traitement médicamenteux
et une thérapie. » Des traitements encore une fois, plus
étudiés et mis à l’épreuve aux USA. D’où
son engagement pour faire bouger les choses en France. Des malades et leurs
proches témoignent de leur souffrance sur le site internet de l’AAPEL.
Sophie
LEROY
AAPEL,
. www.aapel.org
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