AAPEL
Interview de M. Daniel C CLAIBORN accordée le 23 novembre 2002




Descriptif  diagnostic
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Q: Pourriez-vous tout d'abord nous parler un peu de vous, de votre travail dans le domaine de la santé mentale et de votre expérience éventuelle dans le traitement de cette maladie ou de la recherche fondamentale ?
Je suis un psychologue licencié avec un doctorat de psychologie de l'université de Missouri-Columbia, 1975.  Au fil des années je me suis spécialisé dans l'étude et le traitement des troubles de la personnalité, cela incluant Borderline, Narcissique et Antisocial.  J'ai présenté fréquemment des conférences sur le BPD, et je traite le BPD dans mon cabinet

En quelques mots très simples (pour le public  pas le DSM)
Q: "Qu'est-ce que le trouble de la personnalité Borderline ou Etat limite ?"
Le BPD est un trouble psychologique chronique qui débute à l'enfance ou à l'adolescence et qui est caractérisé par l'instabilité (d'humeur, de relations, d'identité, de perception de soi et des autres), par un flot implacable de conscience (de pensées de culpabilité, responsabilité, critique, anticipation, traumas, et pertes), et par des ondes d'intensité emotionnelles souvent sans rapport avec les stimulis des evenement immédiats--pensées reliées à eux à tort.
La vie emotionnelle interne d'une personne BPD consiste en un mélange de rage, solitude, anxieté, depression, et desespoir -entrecoupés par des périodes de calme et productivité. Les personnes avec BPD peuvent être intelligentes, très douées et bonne dans leur profession.  Les troubles BPD se rencontrent sur un continuum entre des conditions presque psychotiques d'un coté à des conditions presque nevrotiques fonctionnant maxi de l'autre coté.  Certains spécialistes pensent que la personnalité BPD est située entre les troubles psychotiques et les troubles de l'anxiété nevrotiques.  Les Psychologues débatent pour savoir si le BPD est principalement un trouble de l'humeur, un trouble d'anxiété, un trouble dissociatif, ou un trouble de l'identité, du fait que les personnes BPD peuvent manifester chacun de ces troubles à différents degrés.  Il peut être dit que les personnes BPD ont toutes les dynamiques psychologiques normales, mais plus, et il peut être noté que beaucoup de caractéristiques du BPD sont semblables de celles des adolescents (alors que les caractéristiques Narcissiques et Antisociales sont plus similaires à ceux des enfants).
Origine: Le BPD resulte d'une combinaison de divers ingredients, et il est plus grave lorsque le nombre de ces ingrédients est élevé et lorsqu'ils le sont depuis plus longtemps dans la vie de la personne.  Les ingredients incluent
(1) un tempérament héréditaire, biologique, predisposition temperament vers un systeme nerveux hautement associatif et reactif, (2) experiences traumatiques,
et (3) insuffisance parentale (negligence ou disponibilité parentale irreguliere, absence de role approprié modelage et conseils, manque de chaleur et sécurité. Ainsi, par exemple, une personne peut hériter d'un système nerveux hautement excitable, mais si il ou elle n'expérimente pas de traumatismes significatifs durant l'enfance et si il ou elle dispose de la chaleur, adequate et de la securité parentale, cette personne ne developpera pas le BPD.  La manifestation du bpd la plus severe est lié à la confluence et à l'intensité de ces facteurs causals

Q: Est-ce une "maladie féminine" ?
Je n'ai pas constaté que le trouble borderline est exclusivement une maladie de femmes, gardez cependant à l'esprit que beaucoup plus de femmes que d'hommes recherchent des services de thérapie en général, de même avec n'importe quel trouble il pourrait sembler que ce trouble se produit principalement chez les femmes.  J'ai travaillé avec un certain nombre d'hommes BPDs

Q: Qu'est-ce qui le différencie des autres maladies et troubles de la personnalité ?
Differencier le BPD.  La principale caractéristique du BPD peut être vue comme une instabilité et une impulsivité "inexplicable", et l'émotion principale est la peur.  Les troubles de la personnalité peuvent être considérés en général comme resultant de  (1) "durcissement" ou "intensification" de certaines défenses de personnalité par surutilisation de stress, traumatismes, persistents, chroniques et plus (2) un tempérament à une certaine prédisposition biologique.  Quelle predisposition spécifique est héritée et quelles defenses sont sur utilisées determine le type specifique de trouble de personnalité qu'une personne peut avoir. Alors que les personnes avec un trouble de la personnalité narcissique sont plus tournées vers une auto-gratification, domination, attention-croissante, et l'acces au soutien et à l'adoration, les personnes Antisocial  expriment plus d'hostilité, deception, et violation de regles sociales, Les personnes Dependante renoncent à leur responsabilité personnelle et se dérobent devant des choix, les personnes Obsessive-Compulsive s'engagent dans des rituels pour reduire leur angoisse, et les BPDs hésitent entre toutes ces strategies, étant plus en contradiction a propos d'intimité et des rapports avec les autres.

Q: Beaucoup de specialistes suggerent que le coté “enfant” de l'adulte borderline est incontournable de la maladie ?
(pensee noir et blanc, tout bon, tout mauvais, aucun juste milieu...)
Q: De même que les colères inappropriées ?
Oui, ils semble être typiquement et episodiquement présents, bien que les personnes BPD fonctionnent dans un comportement adulte et calme durant de longues périodes et dans certains roles (particulierement non-intimes)

Q: Comment être sur que c'est bien un trouble borderline et pas une autre maladie mentale ?
- pas une dépression
- pas un trouble bipolaire
- pas un trouble de déficit d'attention
- pas un syndrome d'asperger (autisme “performant”)
...
La depression n'implique pas l'instabilité et l'impulsivité des comportements,
les caractèristiques du trouble Bipolaire ne sont pas déclenchées par les rejet ou l'abandon perçu,
le trouble de déficit d'Attention peut impliquer la frustration mais pas des colères intenses et personnelles ou un sentiment de vide profond, et
Le syndrome d'Asperger se manifeste typiquement au travers de deficiences ou restrictions dans les capacités et sensibilité sociales (incapacité à avoir des relations, et incapacité à expérimenter et exprimer pleinement les emotions) -- ce ne sont pas des caractéristiques du BPD.  Ce sont quelques exemples de caractéristiques qui different.

Q: L’imagerie médicale peut-elle permettre de détecter une anomalie pour cette maladie?
Je pense qu'il y a un aspect biologique dans le BPD, dans la forme d'une hérédité, excitable, système nerveux excessivement receptif, mais je ne suis pas familier des etudes d'imagerie médicale. Je ne pense pas que tous les individus BPD sont semblables sur le plan biologique ou neurochimique -- il y a une grande variété d'individus avec le BPD, aussi bien dans les symptomes, dans la gravité et dans la portée du trouble.

Lorsque l'on est dans l'entourage d'une personne potentiellement borderline.
Q: Quels sont les comportements qui doivent nous alerter et nous dire:
 "la c'est quand même pas normal, il faudrait qu'il ou elle consulte"
Un signal qui peut indiquer le BPD (ou un autre trouble de la personnalité) chez une personne est que cette personne vous impute (ou vous accuse de ) d'une colère, critique, ou rejet d'emotion ou attitude envers elle que vous n'avez pas (mais qu'il a sur vous!)-en d'autres mots, projection sur vous de son esprit.  Un autre signal peut être des manoeuvre contradictoires avec quelqu'un dans une relation intime -- par exemple, "Je te déteste, ne m'abandonne pas!"

Q: A quel age peut-on commencer à voir les signes de la maladie et s'en préoccuper ?
Des signes de BPD peuvent être vus dans l'enfance et sont notés à coup sur à l'adolescence.  Parfois dans l'enfance, des modèles comme le BPD sont diagnostiqués  comme Trouble d'Identité.

Les personnes qui ont ce trouble en "ont l'habitude", elles "vivent avec" depuis toujours et c'est "leur nature".
Q: pourquoi dans ce cas ne pas "les laisser tranquille" et les laisser continuer à vivre leur vie plutot que chercher à les soigner ?
Si les personnes BPD ne recoivent pas le traitement adéquate, beaucoup iront mieux quoiqu'il arrive, particulièrement vers leur 30 ou 40 ans.  20-30% d'entre eux s'amélioreront presque complètement, et un autre 30-40% s'améliorera de façon significative.  Cependant jusqu'à l'age de 30 ou 35 ans, les individus BPD sont à un risque plus important de suicide.  De plus, sans traitement, la personne BPD et sa famille souffriront de plus de detresse, écartant souvent la personne Bpd d'amis, amoureux et famille.

Medication.  Il n'y a pas de medication pour traiter la globalité du BPD, mais certains médicaments anti-anxieté, anti-depression, anti-psychotique, et anti-obsession peuvent être utilisés pendant certains phases pour traiter ces symptomes particuliers spécifiquement lorsqu'ils se produisent.  Nous apprenons aux personnes BPD à anticiper les phases et changements dans leur condition, et à travailler avec un médecin spécialiste pour cibler la medication de façon appropriée.  A moins qu'il y ait une urgence impliquant le suicide ou violence potentielle, nous essayons de ne pas hospitaliser les patients BPD, du fait qu'ils peuvent réagir à une hospitalisation de manière contre productive. Nous voulons que les personnes BPD ressentent le controle de leur traitement afin que leur traitement leur semble facultatif, non forcé.

Q: Les patients borderlines sont-il plus "fragile" et sujet à la "somatisation" ?
beaucoup de petites maladis, certaines maladies somatiques (dermatologique, ORL, ...)
"somatisation" je ne sais pas pour sûr si les Borderlines sont particulièrement enclin à la somatisation.  Mon opinion est que ceux qui agissent impulsivement et destructivement ne seront pas aussi enclins à la somatisation que ceux qui sont plus anxieux et déprimés.  Gardez à l'esprit que les personnes avec des troubles psychologiques ont souvent plus d'un problème diagnostiquable.

Justement à propos de cette maladie
Q: "peut-on en guérir ?"
Oui, le BPD peut etre efficacement traité en utilisant la psychotherapie, la modification des comportements, et la medication juste necessaire.  Souvent le traitement prend 3 à 5 ans ou 7 ans

Traitement:
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Q: Le recours aux médicaments (au moins durant un temps) est-il indispensable ou une simple thérapie peut suffire ?
Q: même question mais que la médication sans la thérapie
La medication sans psychotherapie n'est pas indiquée.

Q: cela signifie t'il que seul un médecin psychiatre thérapeute est à même de guérir un patient borderline et pas uniquement un thérapeute non médecin ?
"Seul un psychiatre en mesure de guerir ?"   Le traitement du BPD necessite une formation spécialisée, une experience surveillée et longue, et, plus important encore, le therapeute ayant acces au soutien de ses pairs ou surveillance continue, du fait que les patients BPD peuvent offrir au thérapeute des dilemmes stressant emotionnellement compliqués (comme ils se presentent souvent à leur famille et aimés avec des dilemmes personnels emotionnellement compliqués et stressant).  Certains psychiatres ont cette formation et cette experience requise et certains psychologues l'ont aussi-une expérience surveillée est necessaire avec les personnes BPD.

Q: Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (5-OH-tryptamine) sont-ils efficaces dans le traitement de cette maladie ? (de nombreux patients parlent de celui comme d'une drogue miracle)
Les médicaments SSRI sont plus utiles pour des symptomes d'obsessons compulsives, parfois utiles pour l'auto mutilation et la depression, et occasionellement utiles pour l'anxiété.  Certaines personnes tirent un certain bénéfice des SSRIs, et il y a un petit risque, aussi il doivent etre essayés, du fait que c'est la seule facon pour evaluer leur utilité potientelle.  Parfois les SSRIs acroissent la netteté des rêves, interferent avec le sommeil, augmentent le poids ou reduisent l'appetit, ou provoquent des difficultés sexuelles d'excitation, ainsi des effets secondaires potentiels doivent être controlés, du fait qu'il peuvent servir d'alarme pour des individus BPD, il est important de voir la médication et même les traitements psychologiques specifiques comme seulement des remedes partiels, pour renforcer les besoins du patients pour une responsabilité active volontaire dans la gestion de son trouble. Je n'ai jamais trouvé que les SSRIs ou n'importe quel autre médicament pouvaient être des drogues miracles pour BPD, excepté dans les cas occasionnels où l'individu souffrait d'un trouble obsessionel compulsif et/ou  d'une depression majeure qui répond de façon spectaculaire aux SSRIs.  Souvent des tranquilisants comme le Xanax ou Ativan sont plus utiles s'ils sont utilisés specifiquement pour reduire les angoisses intenses et prevenir les attaques de panique.  Parfois ils sont utilisés au début du traitement psychologique pour aider le patient à apprendre plus rapidement les techniques de gestion de son anxiété.

Q: Certaines molécules sont-elles plus efficaces que d’autres et qu’est-ce qui les différencie?
FLUOXETINE, PAROXETINE CHLORHYDRATE, CITALOPRAM BROMHYDRATE, FLUVOXAMINE MALEATE, SERTRALINE CHLORHYDRATE
(question non posée)

Q: L'on parle de patients borderlines "fonctionnant mini" (coupures, auto-mutilations, suicide) et "fonctionnant maxi" (semblent "normaux")
Croyez-vous en ces deux définitions ?
Est-ce que les mêmes traitements s'appliquent aux "maxi" (médication, thérapie, guérison)
Oui, j'observe la plage du fonctionnant mini au fonctionnant maxi chez les patients BPD, aussi bien dans le fonctionnement cognitif  que dans les comportements interpersonnels.  Le traitement pour les individus fonctionnant mini doivent être plus long et plus basics et intensifs, incluant la construction de techniques et pratiques dans un contexte sur.  Les thérapies avec les patients fonctionnant mini tendent à être plus structurées et programmées, alors que pour les thérapies avec les patients fonctionnant maxi, le thérapeute peut être plus flexible, personnel, et se devoiler.  La médication est plus fortement indiqué comme une part du traitement des patients fonctionnant mini, incluant souvent l'usage pour les plus graves, de tranquilisant anti-psychotiques.

Therapie.
Il semble y avoir débat. En premier lieu, une "vérité" semble être que les thérapies classiques standard ne fonctionnent pas avec les personnes borderline, est-ce exact ?
Oui, la thérapie standard classique, si par cela nous pensons à la thérapie orientée uniquement sur l'interpretation de la compréhension de soi, est inadequate dans non seulement le traitement de partients BPD mais aussi de la plupart des autres.
Si par "thérapie classique standard" nous voulons dire thérapie standard dernier cri courante, qui est éclectique, active, orientée vers le problème, orientée vers les changements de comportements, et inclut des techniques, la pratique, et le travail empirique en plus d'intuition, alors cette thérapie classique est appropriée pour des personnes bpd.

Nous avons lu que la thérapie DBT (Thérapie Dialectique Comportementale) "Dialectical Behavioral Therapy" est adaptée (fonctionne)
Q: Votre opinion ?
La thérapie comportementale dialectique "DBT" est connue pour être utile aux personnes BPD.  le DBT est une collection de stratégies comportementales, émotionnelles, et strategies cognitives conçues pour aborder les dimensions des multiples problemes du BPD.  N'importe quelle approche qui fait ceci est plus applicable à un trouble complexe de personnalité comme le BPD.  Particulièrement importante est la thérapie incluant la surveillance ou la consultation disponible au therapeute car il/elle travaille avec la personne BPD.

Cetains affirment que tout ce qui précède ne fonctionne pas avec les borderline "fonctionnant maxi". Pour être clair, cela est sans espoir, ils sont condamnés à souffrir toute leur vie
Q: Est -ce vair, pas vraiment optimiste non ?
Dans mon expérience la bonne approche thérapeutique fonctionne avec les patients fonctionnant mini et les patients fonctionnant maxi.  Cependant, les personnes fonctionnant maxi peuvent tendre à ne pas penser qu'elles aient besoin de thérapie (quoiqu'elles se trouvent se déplacant d'un echec relationnel à un autre, par exemple). Les personnes fonctionnant mini peuvent ne pas être au courant de leur trouble ou du traitement disponible, ou de leur dépression, inquiétude, et perceptions sceptiques et méfiance à l'égard des autres et  peuvent les empêcher d'être pleins d'espoir.

Existence “réelle” de la maladie
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Q: Le terme “Borderline” ou “Etat limite” est-il adapté, cela sous-entend “pas vraiment”?
Le terme "borderline."  Le trouble borderline s'est à l'origine rapporté à un mode de comportement pathologique qui a semblé être partiellement psychotique et partiellement névrotique -- en d'autres termes, sur une limite entre les catégories.  Ces patients ont certaines caractéristiques de psychotiques (hors du contact avec la réalité) des patients psychotiques, mais ils n'étaient pas psychotiques, mais ils n'ont pas répondu aisément et rapidement et de manière permanente à la thérapie traditionnelle d'entretien.  Borderline signifie ainsi en partie "pas vraiment" psychotique et partiellement "pas vraiment" névrosé ou facilement traitable.

D’ailleurs certaines personnes, et même des psychiatres affirment que "nous sommes tous borderline", qu'en clair cette maladie n'existe pas
Q: quelle est votre opinion à ce sujet ?
Nous avons tous légerement des aspects de certains des symptômes du BPD, mais certainement pas à l'intensité ou d'une manière implacable et envahissante destructive telle que les individus BPD.  Cependant, les gens peuvent être étiquetés BPD ou "borderline" juste en raison d'une ressemblance ou de symptômes, et ce n'est pas approprié.  Le BPD se compose d'un modèle stable d'instabilité qui handicape sévèrement l'individu dans ses rapports interpersonnels particulièrement.  Dire "nous sommes tous borderline" est ne pas comprendre ou fausser le concept, par ignorance ou dans un but économique ou politique.

Q: A propos du DSM IV. Certains thérapeutes en France, lorsque nous prononcons le mot "DSM" ont un certain "dédain", comme si c'était "sans intéret"
Pourriez-vous répondre à ceci ?
(question non posée)

Je répondrais non mais je pose la question
Q: N'importe quel psychiatre dispose t’il de la formation et de l'expérience pour soigner un patient borderline ?
Non, le traitement du BPD exige une formation spéciale et une experience surveillée.

Q: Pensez-vous qu'il y ait carences en ce domaine à l'heure actuelle dans votre pays ? (formation des thérapeutes)
"Insuffisance dans ce domaine?"  Oui, il y a une insuffisance ici aux USA et j'imagine en France.  En outre, ici beaucoup de therapeutes ne choisissent pas de traiter les individus BPD en raison des difficultés inhérentes.

D'ailleurs, en France, la maladie mentale est encore plus tabou que le cancer il y a quelques années
Dans l'esprit, quiconque va consulter un psychiatre est "un fou"
Q: qu'avez-vous à dire à ce sujet ?
"Maladie mentale taboue". Malheureusement je ne connais pas beaucoup la vision de la maladie mentale ou du bpd en France, mais je pense qu'Internet offre des possibilités intéressantes d'aider énormément.  En fait, plusieurs de mes patients recherchent des informations sur leurs troubles de la personnalité sur Internet.  Je pense que c'est très utile.

A ce sujet on associe souvent la notion de guérison à celle de la volonté
"Tu veux bien arrêter de te regarder le nombril et te prendre en charge !"
une espèce de "si tu veux, tu peux"
Q: quelle est votre opinion ?
"associer la 'guérison' avec l'exercice de la volonté" je crois en effet qu'exercer sa volonté est très important dans l'accomplissement de la guérison ou un meilleur ajustement.  Je crois également, cependant, que les individus ont besoin d'information, d'entrainements et de direction, de support émotionnel et de conseils, et d'encouragement à exercer leur volonté efficacement et constamment, juste comme ils en ont besoin à chaque fois qu'ils apprennent n'importe quoi de complexe qui rend nécessaire les changement de comportement et la pratique appropriée, telle qu'apprendre une langue étrangère, apprendre un sport, et ainsi de suite.

Q: Que pensez-vous donc de l'idée de la création de l'association AAPEL pour aider à faire connaître cette maladie auprès du public et aider les malades ?
"Création d'une association". Je pense que votre création d'une association favorisant la connaissance du BPD et des traitements efficaces est excellente et tellement nécessaire.  Je suis si heureux de vous aider de quelque manière que je peux.  Je vous encouragerai fortement à développer et maintenir un site Web tel que BPDCentral, et je recommande leur livre:  Cessez De marcher Sur Des Coquilles d'oeuf.  Il est particulièrement bon pour des membres de la famille d'individus avec BPD.

Il est éthiquement très difficile de contraindre une personne au traitement (Je suppose que c'était souvent inefficace s'il ne le désire pas)
Mais nous savons qu'il existe en France et dans le monde des milliers de malades Borderline qui ne savent même pas qu'ils le sont, qui pensent que c'est leur "nature" de souffrir
Q: Que pensez-vous du principe de "l'obligation de diagnostic" lorsque nous sommes en contact avec une personne potentiellement Borderline (ou toute autre maladie mentale), pour la "forcer" (je ne sais pas comment) à consulter un thérapeute, non pas pour la traiter, mais seulement pour lui fournir un diagnostic précis ?
Ainsi il serait beaucoup plus complexe pour elle de dire "je ne suis pas malade" (et aussi pour l'entourage de croire à ses mensonges)
Le second point est peut-être que cela pourrait l'aider de savoir qu'elle est malade
Alors ?
"Obligation de diagnostic". Je ne crois pas en l'obligation de diagnostic.  En fait, le BPD peut ne pas se produire avec beaucoup de prédominance du tout dans d'autres cultures.  Il exige typiquement une certain predisposition génétique, des traumas significatifs durant l'enfance, et une aide déficiente des parents ou d'identité --  ou n'importe quoi qui pourrait ne pas être présent dans certaines cultures.
Peut-être que je ne comprends pas ce que vous voulez dire par ce concept.  Si un therapeute travaille avec une personne qui manifeste les modèles du BPD, alors je pense que le therapeute devrait informer le patient de son état et de ses effets et traitements recommandés.

Mais oui, si la personne Borderline réalise qu'elle a ce diagnostic, il lui sera plus difficile de nier le problème. Habituellement je recommande aux membres de la famille de montrer à la personne BPD une liste de symptomes ou d'autres informations venant du web et laisser la personne BPD parvenir à ses propres conclusions.  Il pourrait être très clair que le diagnostic "colle"
.
(Dans le cas où vous penseriez que ce n'est pas une bonne  idée)
Q: Ne pensez-vous pas qu'il existe alors un risque important pour les patients borderline de penser:
"Je souffre, je sais mais je suis la seule comme cela, c'est ma nature" et non de se dire "je ne suis pas seule dans ce cas, je suis seulement malade" ?
(question non posée)

Question sans réponse je suppose
Q: "comment convaincre un malade de consulter un spécialiste ?"
Je recommanderais de fournir l'information précise par le biais de votre association, littérature, et le site Web.  La plupart des personnes BPD et leurs familles répondent immédiatement et positivement quand elles voient une liste de modèles typiques de symptômes du BPD expliqués d'une manière sensible, logique, et compatissante.

Je suppose qu'il est largement plus difficile de convaincre un borderline "fonctionnant maxi" de consulter un thérapeute (si ils disents "je n'ai rien")
Q: Une fois encore qu'elle est votre experience, la solution ?
Je constate qu'il n'est pas nécessairement difficile de convaincre les personnes fonctionnant maxi de recevoir un traitement, puisqu'elles sont habituellement intelligentes et bien informées, et qu'elles peuvent voir les modèles destructifs et réitérés dans leur comportement et relations

“La campagne de dénigrement”. Le fait que le malade accuse le non-malade celui “qui a vu” d'être lui-même un malade
Q: est-ce une donnée commune ?
 

Q: comment réagir face à cela ?
 

Q: De manière plus globale, comment "gérer" ses relations avec un borderline ?
Quand cela est possible, et dans des paramètres raisonnables, je crois que nous devrions toujours essayer d'éviter de provoquer la fureur chez une autre personne.
D'autre part, je pense que nous devrions la plupart du temps réagir normalement face à la personne borderline, lui disant quand nos sentiments ont été blessés ou quand nous sommes contrariés par une de ses actions.  L'honnêteté est très importante avec des personnes borderline -- nous devrions être honnêtes dans nos réactions vers elles, tout en ne leur disant pas ce qu'ils doivent faire au sujet de nos réactions.  Je crois que la deuxième manière est plus respectueuse et finalement la plus gentille

Le borderline semble avoir un esprit émotionnel d'enfant
Q: Est-il "raisonnable" de demander à un "pseudo enfant" de prendre une telle décision ?
(consulter ou pas, se soigner ou pas)
"Q.I. émotionnel enfantin" Je constate que les individus BPD, alors qu'ils ont quelques immaturités émotionnelles, sont habituellement intelligents et entièrement capables d'apprécier l'information qui confirme leur expérience.  Je crois que c'est une question de respect pour la personne de lui fournir des informations et pour lui permettre de faire un choix en connaissance de cause au sujet de traitement à rechercher.

Q: Cela n'est-il pas totalement utopique d’attendre qu’il se prenne seul en charge et même cruel ?
Je ne crois pas que ce choix soit hors de portée de la personne BPD, et je ne crois pas que cet effort est utopique ou cruel -- bien que je comprenne votre question et apprécie votre sensibilité envers cette possibilité.

Q: Quelle est votre expérience à ce sujet ?
Comment les malades viennent à vous ?
D'une façon générale ils viennent soit parce qu'ils ont eu mon nom par Internet ou parce qu'ils sont impliqués dans un amour perturbé ou relations matrimoniales

Origine de la maladie
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L'origine de la maladie semble être très complexe dans le cadre du trouble borderline, mais il ressortirait que des traumatismes durant l'enfance sont à l'origine de celle-ci
Q: Qu'en pensez-vous ?
"origine" j'ai expliqué ma vue sur l'origine de multi-source du BPD au dessus.  Le trauma durant l'enfance est seulement un contribuant principal, avec les predispositions génétiques vers un système nerveux excitable, et une parentalité déficiante ou destructive.

Q: Des crises d’épilepsie durant l’enfance peuvent-elles selon vous provoquer la maladie comme le pense certains chercheurs?
Q: Inversement la maladie peut-elle provoquer des crises d’épilepsie?
"Épilepsie " Je ne connais aucun lien entre le BPD et l'épilepsie.  Gardez à l'esprit que les mesures d'Eeg et d'autres scanners d'activité du cerveau sont des indicateurs très bruts en effet et des indicateurs non spécifiques et sensibles de quelque chose de si complexe et varié comme le BPD.

Q: Cette maladie aurait de plus des origines génétiques et bio-chimiques, qu’en pensez-vous?
(question non posée)

La famille peut être d'une grande aide pour soutenir tout malade.
Mais dans le cas où un des parents a une part de "responsabilité" (non consciente) dans la maladie de son propre enfant,
Q : Comment peut-il être “envisageable” pour ce parent d'ouvrir les yeux sur la réalité de la situation ?
"La responsabilité de la famille". Oui, les familles peuvent être défensives, mais dans beaucoup de cas ils ont eu peu de responsabilité dans la contribution au BPD.  Souvent les parents sont très ouverts à l'information sur le BPD parce que cela explique tellement ce qu'ils ont éprouvé avec leur enfant, et cela implique un grand deal de connaissance au sujet du BPD et qu'il y a des traitements efficaces disponibles.

Il semblerait que la maladie mentale en générale se transmette de parents à enfants comme un enfant d'un père alcoolique deviendrait lui-même alcoolique à l'age adulte
Q: Qu'en est-il selon vous ?
Q: Cela en est-il de même dans le trouble borderline ?
La mère borderline va t'elle rendre sa fille borderline, qui elle-même devenue adulte rendra borderline ses propres enfants ?
Q: Comment briser ce cycle infernal ?
Maladie mentale et BPD transmis ?"  Non, il n'y a pas d'évidence significative que le BPD est transmis du parent à l'enfant, bien que certains composants puissent être présents dans l'arbre généalogique:  Obsessivité, propension à l'inquiétude, propension à la dépression.  Il semble que des pères qui sont abusifs aient été souvent maltraités étant enfant, tandis que les mères qui ont été maltraitées enfant courent un plus grand risque de négliger leurs enfants que de les maltraiter.  Les mères borderline ne rendent pas typiquement leurs enfants borderline, grandir cependant avec un parent borderline est chargé de difficultés et pose habituellement quelques problèmes d'ajustement ches les enfants.  Les membres de famille étendue qui sont en bonne santé (des tantes, des oncles, des grandparents, etc...)  aident souvent les enfants à se développer normalement en dépit des parents anormaux

Dernières questions
Q: Quelle question auriez-vous voulu que je vous pose et que je n'ai pas posé ?
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Q:Le mot de la fin doit-il être "espoir" ?
Espoir!  Oui, la resurrection ou l'insufflation de l'espoir est l'ingrédient primordial dans le traitement de n'importe quel trouble mental, et l'ingrédient primordial dans n'importe quelle psychothérapie efficace ou toute autre forme de guérison psychologique.  L'information précise et la compréhension appropriée peuvent ouvrir les portes à tant d'espoir, et je vous souhaite le meilleur avec votre projet d'association.  Faites-moi savoir si je puis aider de quelque manière.

Merci de votre collaboration et de votre soutien

Réponses gracieusement fournies par M Daniel C CLAIBORN Ph D - Overland Park, Kansas

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